Albatros, oiseaux de légende des terres australes
A l'occasion de la semaine du développement durable et dans le cadre de l'Année internationale pour la biodiversité, l'Aquarium de la Porte Dorée accueille une exposition créée par la LPO avec la Réserve naturelle des Taaf et le CNRS de Chizé, afin de faire découvrir au public la beauté et les adaptations des albatros.

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Albatros de Buller © D. Filippi
Les albatros ont de tous temps fasciné les navigateurs, les poètes et les amoureux de la nature. L’exposition photographique « Albatros, oiseaux de légende des terres australes » fait escale à l’Aquarium pour retracer le mode de vie de ces fabuleux oiseaux. Elle présente les dangers qui les menacent et les moyens de les enrayer. Oiseaux marins de tous les records, parfaitement adaptés à l’une des zones les plus hostiles du globe, les albatros sont pourtant démunis face aux techniques de pêche modernes et, dans les îles australes, menacés par des mammifères introduits. 18 des 22 espèces d’albatros de la planète sont ainsi en danger, dont deux en voie d’extinction.
Les albatros sont les oiseaux marins les plus grands du monde : l’albatros hurleur atteint ainsi les 3,50 mètres d’envergure ! Leur longévité est également remarquable, puisqu’ils peuvent vivre jusqu’à 80 ans. Ce sont aussi des navigateurs ailés hors pair : ils passent 90 % de leur vie en mer où ils peuvent atteindre des vitesses de pointe de 130 km/h et couvrir plus de 1 000 km en une journée.
Depuis des millions d’années qu’ils occupent les Terres australes, les albatros ont su s’adapter aux conditions environnementales changeantes de notre planète. Mais aujourd’hui, ils sont fortement menacés. Leur statut de conservation se dégrade d’année en année : 2 espèces étaient considérées comme mondialement menacées en 1992, 16 en 2000 et 18 en 2009 (sur 22 espèces dans le monde).
Deux d’entre elles sont en « danger critique d'extinction » (l’albatros de Tristan et l’albatros d’Amsterdam). Ce dernier ne se reproduit que sur l’île du même nom, dans les terres australes et antarctiques françaises (Taaf), à raison d’uniquement 25 à 30 couples installés chaque année.

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Albatros d'Amsterdam © Cédric Marteau
La reproduction des albatros est trop lente pour leur permettre de compenser une surmortalité accidentelle. Leur maturité sexuelle tardive (5 ans, voire 10 à 12 ans) et leur fécondité très faible (un seul œuf, et parfois seulement tous les cinq ans) expliquent que toute mortalité adulte impacte fortement la dynamique des populations.
Si les albatros réalisent des dizaines de tours du monde au cours de leur vie, ils sont, dans une certaine mesure, casaniers. Les couples, formés pour la vie, reviennent se reproduire sur leur lieu de naissance, situé sur des îles isolées, à l’origine exemptes de prédateurs terrestres. Aujourd’hui, des espèces, introduites par l’homme (volontairement ou non), les menacent. Les chats harets de l’archipel des Kerguelen consommeraient environ un million d’oiseaux marins par an ! Les poussins et les adultes de grandes espèces d’albatros peuvent également être attaqués et dévorés vivants par des souris qui menacent d’extinction la population d’albatros de l’île de Tristan.
La France a une responsabilité de premier ordre et un rôle majeur à jouer. Créée en 2006, la Réserve naturelle des terres australes françaises est un site de reproduction majeur pour de nombreuses espèces d’albatros.
Si cet espace permet d’assurer une protection des albatros à terre, des mesures conservatoires se devaient d’être mises en place en haute mer. En effet, quand le poussin a terminé sa mue, il s’envole vers la mer pour 5 à 10 ans sans toucher terre. C’est pendant cette période d’apprentissage, unique chez les oiseaux par sa durée, que la mortalité est la plus forte, causée notamment par la pêche à la palangre.

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Albatros hurleur © S. Unterthiner Taaf
Grâce à la collaboration avec le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de Chizé, les Taaf ont mis en place des mesures de protection : la pratique de la pêche exclusivement de nuit (les albatros se nourrissant en journée), une réglementation stricte et un lien permanent avec les armateurs exploitant les zones concernées.
Ces efforts ont permis de mettre fin à la mortalité des albatros causée par la pêche légale dans les eaux françaises, mais, au delà, la menace reste entière. BirdLife International, à l’origine des premières actions d’envergure sur cette problématique, développe cette approche auprès de tous les pays et organisations régionales concernés.
Informations complémentaires
L’exposition « Albatros, oiseaux de légende des terres australes » est composée de 17 panneaux photographiques grand format légendés, de totems, de diaporamas et de vidéos.
BirdLife International
BirdLife International est une alliance mondiale qui réunit plus de 100 associations dans le monde (2,3 millions d’adhérents et 8 millions de sympathisants). Ce réseau agit pour le développement durable, la protection des oiseaux et de la biodiversité. La LPO est le représentant officiel de BirdLife International en France.
La réserve naturelle des Terres australes
La réserve naturelle des terres australes françaises est de loin la plus grande réserve naturelle nationale de France. C’est également le plus grand site d’Europe classé au titre de la convention internationale RAMSAR (protection des zones humides). Elle est composée des archipels Kerguelen et Crozet, et des îles Saint-Paul et Amsterdam.
Sauver l’albatros d’Amsterdam
Les Taaf, soutenues par le Ministère de l’Ecologie et en association avec la LPO, les scientifiques du CNRS de Chizé, l’Institut polaire français Paul-Emile Victor (IPEV), le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), les organismes de pêche et les différentes administrations concernées, ont décidé de mettre en place un plan national d’action pour la conservation de l’albatros d’Amsterdam.
Enrayer la mortalité des oiseaux liée à la pêche à la palangre
BirdLife International estime à plus de 100 000 le nombre d’albatros tués chaque année par la pêche à la palangre qui s’est développée depuis les années 1970. Attirés par les appâts accrochés aux milliers d’hameçons disposés sur des lignes de plusieurs dizaines de kilomètres, appelées palangres, de nombreux albatros se prennent dans les hameçons et périssent noyés. Découvrez la campagne de la RSPB, l’homologue anglais de la LPO : Save the albatross.